Un habitat éclaté
La commune est dispersée sur une superficie de 1 115 hectares en plus d’une quarantaine de fermes et hameaux autour de la vallée de la Berthe. Les trois villages principaux ne constituent pas des groupes bâtis très importants.
Ponctuée de manoirs, de hameaux, de maisons et fermes isolées, la campagne de notre commune offre un caractère humanisé où le bâti et l’espace agricole s’harmonisent par leur gamme de couleurs.
Pays de marge, de contact, le Perche a une architecture paysanne mêlant de nombreuses influences. Cela donne un habitat rural divers, nuancé, longtemps laissé dans l'indifférence totale. Actuellement, la prise en compte de ce bâti dans une analyse globale du paysage percheron, permet une mise en valeur de l'habitat rural.
L'habitat percheron se caractérise par la "longère", un bâtiment en longueur dont la façade s'ouvre au sud de nombreuses ouvertures tandis que les autres murs sont presque aveugles. A l'intérieur, au rez-de-chaussée, plusieurs niveaux témoignent parfois du dénivellé du terrain sur lequel la ferme a été construite. Les bâtiments agricoles s'organisent autour d'une cour ouverte ; l'étable, l'écurie, la porcherie, la grange constituent souvent autant de bâtiments séparés. Ces grandes fermes étaient souvent isolées dans la campagne. A l'opposé, les petites fermes s'organisaient en hameau, en village autour d'une cour commune. Cette maison avait un plan type associant à la pièce d'habitation, au nord la "laiterie", pièce fraîche de la maison, le cellier, l'étable, la remise et, à demi enterrée, la pièce à tisser le lin et le chanvre. Elle a souvent été agrandie par adjonction de petites pièces, multipliant ainsi les décrochements, lui conférant ainsi une personnalité unique.
Les constructions utilisent les matériaux locaux et, en fonction de la localisation de ces habitats, leur aspect varie.
La vallée de l'Huisne est caractérisée par la pierre blanche dite de Rouen. Ce calcaire où le silex est présent, est facilement exploitable sur les versants des rivières ayant entaillé les couches sédimentaires (au nord de Mauves-sur-Huisne par exemple). Cette pierre blanche est utilisée pour les angles, les linteaux des ouvertures, les corniches sous la saillie du toit mais aussi pour la masse des murs associée avec d'autres matériaux comme les "grisons", des grès ferrugineux. Ces murs sont protégés d'un enduit à "pierre vue" constitué de sable du Perche et de chaux. La couleur des sables varie du jaune au rouge avec de nombreuses nuances en fonction de son lieu d'extraction. Les façades présentent donc une gamme colorimétrique variée.
En s'éloignant de la région centrale du Perche, la nature des matériaux de construction change. Le calcaire devient plus friable, de moindre qualité dans le nord-est du Maine, plus blanc en direction de la plaine d'Alençon, parfois même il n'est pas présent comme dans le Thimerais. Dans ces régions, le bois associé au torchis, le silex, la brique prennent le pas, l'architecture rurale est différente. Dans le Thimerais, par exemple, l'argile à silex fournit l'argile pour la fabrication des briques et le silex assure le remplissage des murs. Un enduit presque complet, pauvre en sable, jointoye les silex. Dans le Perche Gouet, l'argile sert au torchis des maisons à pans de bois.
Autre caractéristique du bâti percheron, la couverture. Comme dans toutes les régions quelque peu céréalières, les toitures furent à l'origine constituées de chaume. Mais le développement des prairies pour l'élevage des percherons, l'augmentation du niveau de vie, les risques de feu... en sonnent le glas. Les tuileries, installées sur les plateaux d'argile à silex, fournissent alors à l'ensemble du Perche des tuiles sombres légèrement violacées.