Le Perche : Ses origines et la formation du Comté du Perche.
Le Perche, « Saltus Perticus », n’était, jusqu’aux invasions normandes du IX° siècle, qu’une immense forêt presque impénétrable avec ses collines et ses vallées marécageuses.
C’est vers 700 avant JC que les Celtes s’installent dans le Perche sans pouvoir y pénétrer car les Ligures et Ibères s’y étaient retranchés.
En 58 après JC, les légions romaines s’aperçoivent que la possession de ce massif boisé est une nécessité militaire pour la conquête et la soumission de l’Armorique et de la Normandie actuelle. L’occupation romaine ne se fit pas sans difficultés, tant l’esprit de résistance des percherons fut fort.
En 285 : premières invasions germaniques.
En 406 : nouvelles hordes de barbares parmi lesquels figurent les Suèves et les Alains.
En 420 : nouvelle invasion - celle des Francs commandés par Childéric dont le fils Clovis Ier assurera la domination franque.
C’est trois siècles plus tard (en 845) que surviennent les invasions normandes détruisant les châteaux, les monastères, pillant les récoltes et provoquant en beaucoup de lieux un grand vide d’habitants. L’armée carolingienne, habituée aux actions offensives, paraît avoir été peu efficace contre ces bandes très mobiles. La défense s’organise sur place, à l’abri des retranchements de palissades et de terre.
Le pouvoir réel passa aux chefs locaux les plus efficaces, tout en respectant une certaine subordination à l’égard des Comtes carolingiens qui s’étaient arrogés un droit héréditaire. C’est ainsi qu’on trouve en 853 un Comté de Corbon à Mortagne, premier ancêtre des Comtes du Perche.
Corbon était la plus ancienne ville du Perche. Elle avait donné son nom au Corbonnais érigé en comté qui comprenait toute le région du Grand-Perche. A sa destruction finale vers 963, c’est Mortagne qui héritera du titre de Comté. Ne pouvant toutefois prétendre perpétuer le souvenir du Corbonnais en en conservant son nom, on reprit progressivement le nom de Perche pour symboliser et caractériser le Comté de Mortagne ; ce dernier fut pourtant porté un temps par les premiers Rotrou qui recevaient indifféremment la qualification de Comte du Perche ou de Comte de Mortagne ce qui signifiait exactement la même chose.
Les Comtes du Perche, de la famille des Rotrou, vont se trouver mêlés activement à tous les évènements principaux de l’histoire nationale, mais aussi de l’histoire de l’Europe.
Ils subiront la naissance de la Normandie ; ils assisteront malgré eux à la chute des Carolingiens et refuseront en vain l’avènement de la monarchie capétienne ; ils aideront Guillaume le Conquérant à la conquête d’Angleterre ; ils se croiseront contre les Maures en Espagne et contre les Sarrazins en Palestine ; enfin ils s’allieront avec les familles royales de France, d’Espagne et d’Angleterre.
Pendant un siècle, Comtes du Perche et seigneurs de Bellème vont successivement s’allier avec et contre les rois de France et d’Angleterre et duc de Normandie.
C’est aussi l’époque des édifications pieuses, abbayes, monastères, asiles, rédactions des Cartulaires ( recueils des usages, des lois et des coutumes, sortes de monuments de la législation de l’époque).
Rotrou III le Grand : « un modèle de chevalerie »
L’histoire de Rotrou III est l’une des épopées du Moyen Age les plus riches et les plus chevaleresques.
Rotrou III, fils de Geoffroy III, Comte du Perche, entreprit de longues et périlleuses campagnes dont le mobile était la Foi, la gloire et le prestige. Il fut cité par Chateaubriand comme un modèle de la chevalerie. On lui doit la fondation de l’abbaye de Thiron ainsi que l’établissement de l’Ordre de Saint Benoit à Corbion (Moutier au Perche). Bien que vassal du roi de France, du fait de son mariage avec la fille du roi d’Angleterre, il soutint ce dernier dans ses combats contre son suzerain.
A partir de Rotrou IV qui administra le Comté du Perche sous le règne de Louis VII le Jeune et de Philippe Auguste et jusqu’au dernier des Rotrou, les Comtes du Perche, par suite de leurs alliances avec la famille royale de France, vont prendre exclusivement les intérêts de cette Maison, de ce royaume régénéré et unifié, de cette monarchie en pleine extension.
Le roi Saint Louis, ayant reçu le Comté de sa mère, le donna en apanage à un de ses fils.
Ce système, par lequel le roi donnait à un proche des honneurs et des redevances féodales, tout en conservant l’autorité réelle, dura dans le Perche jusqu’à la Révolution Française.
Le Comté du Perche, que l’on a appelé aussi « Le Grand Perche » comprenait les terres des fiefs de Bellème, de Mortagne et de Nogent. Quant aux cinq baronnies du sud, elles sont devenues le Perche Gouet.
Repères historiques
1114 : Formation du Comté du Perche.
1226 : Rattachement du Comté du Perche à la couronne de France.
1450 : Fin de la Guerre de Cent Ans dans le Perche.
Période de reconstruction et de développement des manoirs.
1558 : Rédaction de la Coutume du Perche ( ensemble des lois du Comté).
1791 : Division du Perche en quatre départements :
Malgré ce découpage, l’identité percheronne est toujours vivante, portée par l’histoire et l’unité géographique du territoire.
La Fédération des Amis du Perche exprime, depuis 1947, cette aspiration des Percherons à préserver une identité culturelle et patrimoniale, confirmée depuis 1998 par l’existence du Parc Naturel Régional du Perche.